La première étape qui consistait à obtenir le CAP étant
révolue, je peux me consacrer à de longues heures de méditation en vue de
mettre en place mon projet de Boulangerie Biologique. Il s’agit aussi pour moi
d’organiser les pièces de mon puzzle, ces différents morceaux à prendre en
considération pour la viabilité de celui-ci.
Le premier point est représenté par mon statut de femme et
de mère. Je veux pouvoir donner de mon temps à mes deux enfants encore âgés de
3 et 6 ans. C’est un morceau majeur de mon histoire autour duquel je vais
devoir ajuster les autres pièces afin de former un tableau où s’accordera aussi
ma vie de chef d’entreprise.
L’acquisition de terre (quasi impossible aujourd’hui car les
terres sont surenchéries), la mise en place du projet et l’attente des accords bancaires est une
démarche extrêmement longue. N’ayant
pour l’instant pas de terre à disposition, je décide de monter l’atelier de
boulangerie hors du cadre agricole. Ainsi je pourrai commencer à donner vie à
cette activité principale source de mes revenus, établir son réseau de
clientèle (particuliers, collectivité, marchés) en attendant de pouvoir
l’intégrer dans une structure agricole où seront produites les matières
premières (céréales).
Le parcours à l’installation :
La boulangerie appartenant au registre des métiers et de
l’artisanat, c’est la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de ma région,
Angoulême (CMA) qui accompagne les porteurs de projet.
En son sein je participe au stage préparatoire à l’installation une première démarche obligatoire :
-Le « SPI »
est une rencontre fabuleuse et dynamisante entre les créateurs passionnés par
leur projet et les diverses parties administratives (RSI, Centre des formalités
des entreprises, comptables…). Nous en ressortons avertis sur nos obligations
et envahis par la complexité du parcours qui nous attend. Les débats sont
animés, notre volonté d’entreprendre se trouve fortement refreinée par la
lourdeur des démarches administratives. Prix 228 euros, durée 5 jours.
-Le plan d’affaire (facultatif) est un document
rassemblant toutes les données du projet,
il est intéressant pour permettre à chacun de mettre toutes les cartes
sur table et d’établir sur papier la teneur du projet.
-Le prévisionnel est
indispensable pour solliciter des partenaires. Il représente en théorie la
viabilité du projet. Il n’est
malheureusement qu’un document « repère » et tel un phare j’ai le
pressentiment que je naviguerai autour sans jamais l’atteindre. Mon système de
production étant radicalement différent des pratiques de la boulangerie
traditionnelle, je ne peux par conséquent trop me fier aux données statistiques
existantes. Il m’aura fallut quelques heures pour établir un prévisionnel au plus proche de sa réalité adaptée à la
boulangerie biologique.
Pour cela je rassemble mes données collectées lors de ma
formation, mes stages et rencontres avec des boulangers de ma spécialité afin
d’évaluer un Chiffre d’affaire que je puisse réaliser. Je place aussi sur le
papier toutes mes charges (en majorité sur devis). Face aux investissements il
me faut faire des choix.
En effet mes ressources (ou apports) étant limités, ma
priorité est dans l’équipement de qualité et principalement en ce qui concerne
le four. Il est pour moi l’outil garant d’une cuisson de qualité et la
condition sine qua non d’une belle fournée et d’une productivité optimisée.
Après avoir établit divers devis entre neuf et occasion, j’opte pour la formule
la plus chère mais la plus sûre.
Et encore, pour le même prix je dois faire un choix entre un
four à bois ou électrique. Avec difficulté je préfère l’outil qui me facilitera
le travail et me libèrera du temps. Ce n’est pas un choix de facilité mais
réaliste quand à mes autres devoirs. Malheureusement le four électrique entache
le volet développement durable cher à mon projet. Je prévois une faible
compensation par l’association de panneaux solaires à mon chauffe-eau.
Le reste du matériel sera d’occasion, acheté de grès à grès
à un mandataire.
Mon prévisionnel prend tournure.
Courant Décembre 2011, je sollicite plusieurs subventions et aide
à la création d’entreprise. Pour chacune une commission me reçoit et devant laquelle
je me présente ainsi que le projet dans tous ses détails : prévisionnel,
volet social, écologique…
A l’issue de chaque rencontre je reçois un panel de critiques
et risques en termes d’hygiène, installation électrique et encore en commerce. J’ajouterai à ce propos
que les mesures d’hygiènes m’ont posé beaucoup de question tout au long de la
mise en place du projet. Ni la DGCCRF ni la chambre des métiers n’est en
mesure de dépêcher une personne pour me conseiller sur les travaux à effectuer à
la vue des murs existants ou moyennant un chèque de quelques centaines d’euros.
Alors j’entame la réfection de la futur boulangerie avec le seul conseil avisé
que l’on m’ait donné « il n’est pas question de moyen mais de
résultat !).
Sur justificatifs (kbis, factures…) il m’est accordé :
-une BRDE (bourse désir d’entreprendre)
-un Cordée TPE
-deux prêts d’honneur:
-un NACRE
accordée au bénéficiaire du chômage ou RSA
Il s’est écoulé 4 mois depuis le Stage (SPI) et je peux
partir à la recherche d’un partenaire « banquier ». On croit toujours
que la partie est gagnée après notre premier entretien, mon enthousiasme
débordant ne peut qu’engendrer un accord de soutient…Oups là est
l’erreur car il y a toujours prétexte à vous refuser. Du Crédit Agricole de
Barbezieux et de la SIAGI d’Angoulême j’entends par-ici par-là que le projet
présente des risques d’hygiène, ou alors que le bâtiment est trop vétuste. Bref
mille explications avant de comprendre que les boulangeries « ça ne se
finance plus ».
Je viens de perdre un mois sur mon planning lorsque nous poussons (épaulée
par mon compagnon fort en négociation) la porte du Crédit Mutuel pour y trouver
un tout autre accueil: dynamique et franc, intéressé et pertinent. Si je peux
dire aussi réactif puisque le financement nous sera accordé dans
les 15 jours, pour l’achat du bâtiment (35 000 euros) et le prêt pro (30000 euros+crédit TVA).
Sur papier voici le projet :
BESOINS
|
Prévu
|
RESSOURCES (indiqué date d'obtention ou prévue)
|
date
|
Prévu
|
|
Immobilisations incorporelles (inéligible)
|
1600
|
Capitaux propres
|
27500
|
||
Achat
fonds de commerce
|
0
|
Apport
personnel (en numéraire…)
|
Acquis
|
15000
|
|
Frais
étbs (SPI, immat., frais de notaire, …)
|
420
|
Apport
personnel (en stock…)
|
Acquis
|
12500
|
|
Communicat. (site Internet, pub lancement...)
|
1180
|
Constitution du capital
|
|||
Autres (préciser…)
|
Capacité
d'auto financement
|
||||
Immobilisations corporelles
|
55000
|
Capitaux empruntés et dispositifs de prêt
|
50000
|
||
Prêts bancaires
|
|||||
Aménagements (travaux, installations,…)
|
16000
|
Prêt
bancaire (moyen, long terme)
|
30000
|
||
Achat
matériel (machines, outils, …)
|
39000
|
Prêt court terme (crédit relais, ...)
|
|||
Prêts "dispositif d'appui au projet"
|
|||||
Prêt solidaire ADIE
|
|||||
apport en matériel |
12500
|
|
Prêt 0% NACRE
|
|
4000
|
Matériel
apporté par le porteur de projet
|
12500
|
Prêt 0% (PFIL départementale ou locale)
|
4000
|
||
Prêt 0% familial (déclaration de contrat de prêt)
|
|||||
Stock de départ
|
1500
|
Aides et
subventions
|
9800
|
||
1500
|
Subvention Europe Leader Sud 16
|
5000
|
|||
BFR au démarrage
|
16700
|
Subvention Etat (fisac, agephip,…)
|
|||
Avance TVA
|
12000
|
Subvention Région: BRDE
|
4800
|
||
Besoin de trésorerie au démarrage
|
4700
|
Autre (concours, fondation, 2è chance…)
|
|||
Avance de trésorerie
(<>
sub, versement de sub)
|
|||||
Sous total
|
|||||
CORDEE TPE Base éligible plafonnée: 35 000€
|
7850
|
||||
TOTAL DES BESOINS
|
87300
|
TOTAL DES RESSOURCES
|
87300
|