jeudi 16 février 2012

Charente libre

16 Février 2012 | 04h00
Mis à jour | 11h28
Sud

Pauline Decroix a du pain sur la planche à Montboyer

À 31 ans, la jeune femme s'apprête à créer un fournil bio à Montboyer. Après avoir repris une exploitation agricole et réalisé un tour du monde à vélo.

Pauline Decroix compte ouvrir courant mars un fournil bio dans l\'ancienne boîte de nuit de Montboyer, «Le Winger».Photo CL
Pauline Decroix compte ouvrir courant mars un fournil bio dans l'ancienne boîte de nuit de Montboyer, «Le Winger».Photo CL
 
 
Fille d'agriculteurs, licenciée en biologie cellulaire, titulaire d'un BTS d'horticulture et ancienne globe-trotter, Pauline Decroix vient de décrocher son CAP de boulangerie. Et s'est spécialisée en pain bio au centre de formation d'Aix-en-Provence.
Dans quelques semaines, la jeune femme de 31 ans compte créer de toutes pièces un fournil bio dans l'ancienne boîte de nuit de Montboyer «Le Winger», rachetée depuis sa fermeture par la mairie. Cette dernière vient de lui revendre le bâtiment pour 35.000€.
«Mon projet consiste à produire ce pain bio pour aller le vendre sur certains marchés et conquérir les restos scolaires et restaurants de collectivités» détaille-t-elle.
Elle n'ouvrira pas de boulangerie, mais proposera de la vente directe dans son fournil.



17 hectares et un fournil
«L'idée est de proposer aux gens une sorte d'abonnement par semaine ou par mois et les clients viendront chercher leur pain dans un casier quand ils veulent dans un espace en libre-service, un peu sur le modèle des Amap [associations pour le maintien de l'agriculture paysanne NDLR]» explique-t-elle. La formule est nouvelle en Charente, mais elle fonctionne ailleurs. Pauline Decroix espère ouvrir son fournil courant mars, dès que les travaux d'aménagement seront achevés.
La jeune femme réfléchit à son projet depuis plus de deux ans. En fait, son idée de départ était de relancer une petite exploitation céréalière abandonnée depuis dix ans à Montboyer, «et comme elle est en friche, on peut plus facilement la relancer en bio».


Pauline Decroix n'est pas une néophyte dans le genre. Elle avait repris l'exploitation familiale bio de Saint-Laurent-des-Combes, avant de la céder à sa soeur.


«Mais une exploitation de 17 hectares, ce n'est pas viable. D'où l'idée de valoriser les céréales bio en le transformant en pain» explique-t-elle. Mais des problèmes de succession retardent ce projet «et il faut quand même que je travaille. Aussi je commence par le fournil».
Elle a acheté une partie du matériel suite à une liquidation judiciaire «et un four neuf» dit-elle.
Elle souhaite travailler les pâtes de pain au levain naturel, sans mécanisation. «Parce que ce seront des pâtes très liquides pour permettre une meilleure fermentation et une alvéologie très aérée».
Son projet, c'est un investissement de près de 90.000 €. Elle bénéficie des aides régionales au titre de la bourse Désir d'entreprendre et Cordée TPE. Curieusement, les banques ont commencé à lui faire confiance quand elle a parlé de fournil, «alors qu'elles ne veulent pas financer des boulangeries» indique-t-elle.

Sa détermination a fait le reste. Elle complète le financement avec ses propres économies engrangées notamment dans les magasins bio où elle a travaillé et dont certains sont prêts à vendre son pain. Pauline Decroix compte bien se faire un nom et une clientèle sur les marchés et vendre au moins 350 kilos de pain par semaine.

Cette jeune mère séparée du père de ses deux enfants voulait rester dans la région «et dans le milieu agricole bio. J'aime la diversité et la créativité qu'elle permet» explique-t-elle. Elle a déjà créé un blog sur son projet. Elle avait fait la même chose lors de son tour du monde à vélo. «C'était aussi un projet pédagogique, puisque l'on était en lien avec plusieurs écoles. C'était une belle expérience que je ne referai sans doute pas, parce que je n'aime pas trop le vélo. Mais c'était une expérience unique» sourit-elle.

Une expérience dont elle a conservé le goût du lien social.

«De la même façon, j'aimerais travailler avec les écoles, organiser des ateliers sur place et favoriser le lien avec les clients, être à leur écoute et peut-être même faire de la vente en ligne» confie-t-elle. Et dès qu'elle le pourra, elle utilisera les céréales de son éventuelle future exploitation pour boucler complètement son projet.

On peut joindre Pauline Decroix au 06.47.42.89.59 E-mail: decroix.pauline@wanadoo.fr